Le Green IT, ou comment réduire les émissions de ses activités numériques.

19 janvier 2022

Le Green IT, ou comment réduire les émissions de ses activités numériques.  

Publié le 19 janvier 2022

Le numérique génère près de 2 fois plus de Co2 que le secteur aérien[1]. Or, si ce dernier montre de hautes ambitions de réduction de son empreinte carbone à moyen-long terme, le numérique et son pendant éco-responsable, le Green IT, peinent à s’intégrer dans les stratégies RSE des entreprises.

Entre législation nouvelle, réduction des couts d’exploitation et amélioration de l’image, retour sur un secteur en pleine transformation.  

 

Etat des lieux

Lorsque l’on dresse un bilan de l’impact environnemental du numérique, on distingue deux sous-secteur clés : le hardware, ou le matériel en lui-même et les coûts de production qui lui sont associés (55% du total) d’une part, et l’utilisation qui en est faite d’autre part (45%).

Ainsi, on estime que la fabrication d’une unité centrale « standard » émet environ 339kg eq. CO2, et celle d’un écran de 676 kg eq. CO2, soit un total de 1015 kg eq. CO2 pour équiper un employé[2]. A cela peut s’ajouter l’usage d’un téléphone – dont les émissions sont quasi exclusivement liées à sa production et à son acheminement – d’une tablette ou d’une imprimante.

L’émission de CO2 se fait aussi via l’utilisation de ses équipements. A titre informatif, un mail simple émet environ 4 grammes de CO2 et peut même monter à 11 s’il est accompagné d’une pièce jointe. Ainsi, selon l’ADEME, une entreprise de 100 personnes émet environ 13,6 tonnes de CO2 rien qu’en envoyant des mails. Le stockage de ces mails engendre également des émissions non négligeables, de même qu’une utilisation non pertinente des logiciels internes qui peut réduire la durée de vie des équipements et occasionner un surplus de consommation énergétique des data centers.

Quelles bonnes pratiques ?

Il ne s’agit pas ici de dénoncer les pratiques courantes, mais plutôt d’attirer l’attention sur des points particuliers qui, moyennant quelques ajustements, peuvent facilement avoir un impact positif sur les émissions d’une entreprise. Voici quelques exemples de gestes simples, qui amélioreront votre bilan carbone.

  • Allonger la durée de vie de vos produits en optant dès leur acquisition pour des produits durable et facile à réparer. Il est préférable de choisir des produits labelisés (https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/labels-environnementaux#labelsrow-3). Il est également possible de mettre en place une stratégie de revalorisation pour s’assurer du réemploi et du recyclage des produits à la fin de leur cycle de vie.
  • Investir davantage dans l’éco-conception de vos services numériques. Il s’agit d’un surcoût initial qui sera vite rentabilisé par les économies réalisées en réduisant les dépenses énergétiques et en prolongeant la durée de vie des appareils.
  • Former vos collaborateurs et mettre en place un certain nombre de bonnes pratiques. Une modification des usages peut facilement entrainer une diminution de 10 à 15% du secteur, vous faire faire des économies d’énergie et bénéficier d’une meilleure image pour un investissement quasi nul.

 

La Loi REEN, un premier pas vers le numérique durable.

Le 15 novembre dernier était votée la loi de Réduction de l’Empreinte Environnementale du Numérique en France (REEN), qui est la première étape législative vers la réduction des émissions de CO2 du secteur.  Ses ambitions sont multiples et elle vise de nombreux aspects évoqués plus haut. On retrouve par exemple la sensibilisation à la sobriété numérique, la lutte contre l’obsolescence programmée pour étendre la durée d’utilisation des appareils ou encore l’extension des garanties et la limitation des mises à jour obligatoire pour de nouveaux appareils. La loi REEN promeut également le reconditionné, l’accès aux pièces détachées, ainsi que l’éco-conception, qui se voit dotée des premières normes officielles. Enfin, les entreprises du secteur seront bientôt soumises à l’obligation de publier les indicateurs clés de leurs politiques de réduction de leur empreinte environnementale.

Une efficacité éprouvée.

Le Green IT s’inscrit parfaitement dans une stratégie RSE, et si les vecteurs d’amélioration sont multiples, les impacts positifs sont facilement quantifiables et identifiables. Ainsi, selon, une étude de WeGreenIT publiée en 2018, Pôle emploi a réalisé plus d’1,5 millions d’euros d’économie simplement en convainquant 40% de ses collaborateurs d’éteindre leur ordinateur soir et week-ends. De son côté Solocal a économisé 720 tonnes de CO2 en mettant en place une éco-conception pour son site pagejaunes.fr.

Comme souvent, les seules barrières à la mise en place de telles stratégies se trouvent davantage dans la volonté des décideurs que dans les volets financiers ou humains.

 

 

Horeazons

[1] https://www.cell.com/patterns/fulltext/S2666-3899(21)00188-4

[2] https://www.greenit.fr/2011/02/10/quelle-est-l-empreinte-carbone-d-un-ordinateur/